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Les fabriques de drap

La mécanisation. Après une période de déclin à la fin du XVIIIème siècle, la fabrication du drap de ménage familiale et artisanale devient fabrication de drap à grande échelle grâce à la mécanisation et à toutes les conditions requises rassemblées dans la vallée: matière première abondante - élevage de moutons intensif - et à proximité; débouchés faciles pour les produits : couvertures et capes pour les hivers rigoureux ; main d’œuvre sur place et à bas prix - manque de ressources autres - ; énergie facile, puissante et économique : grâce à la force motrice des cours d’eau et des chutes; bas prix du combustible; de plus, bergers et colporteurs sont de bons agents de pub.
Bien entendu, les machines permettent une fabrication plus rapide, plus active, plus économique et plus soignée, car les Cordeillats, (tissus de laine) appelés Cadis un peu plus tard, avaient la réputation d’être grossiers et peu soignés (mal dessuintés).

Le Saint Andréen André Honnorat, ancien cardeur, maquignon et même contrebandier de tabac à ses heures, a su tirer profit de cet environnement et cette conjoncture propices. Grâce à son esprit d’initiative et son intelligence, il comprit vite l’intérêt qu’il y aurait à industrialiser le drap de ménage. La première fabrique de drap vit le jour en 1818 au lieu dit Pra Barin, sur un terrain racheté au foulonnier Collomp, faisant basculer l’artisanat vers l’industrie. La fabrique sera reprise par son fils Eugène, qui l’a toujours secondé, prenant la suite de son frère aîné, et avec qui il agrandira l’usine. Malgré une vie basée sur le travail et l’argent, ses mémoires montrent un homme dont les valeurs prônent la famille (six enfants) et le bien-être des ouvriers, autant que l’enrichissement personnel.

Quatre fabriques ont été implantées sur Saint André les Alpes et La Mure: la fabrique André Honnorat au Lieu-dit Pra Barin, vers Lambruisse ; la fabrique J.B Honnorat, (devenue Simon puis Arnaud), rue de la Sapinière ; la fabrique Pascal à La Mure, devenue la minoterie Dol; la fabrique Cajetan Pascal (puis César Honnorat), Grand Rue, devenue moulin et atelier de mécanique d'Amable et Joseph Bourrillon puis garage Louis et Léon Bourrillon.

Les foulons sont l'auxiliaire indispensable des fabriques, ils servent à feutrer la laine afin de resserrer les fils, la rendre plus solide et plus imperméable grâce à des rouleaux à percussion (martinets) puis compression. André Honnorat rachète le foulon de Collomp, Il est donc enfin l’unique propriétaire du quartier Pra Barin. Vers le Sud, le bâtiment devenu le moulin Bagnis était également un foulon à laine desservant l'autre côté du village.

La lavande : plante et distillation

La lavande est la plante emblématique de la Provence (Drôme, Lubéron, Alpes de Hautes Provence). Après la période industrielle, (fabriques de drap, chemin de fer, barrage...) pour relancer l’économie locale, à la moitié du XXème siècle, les cultivateurs plantent de la lavande, plus de 30 ha rien que sur le plateau de Méouilles. (Voir lavanderaie des Martel). La distillerie Lauthier de Grasse distille plus d’un million de kg de fleurs par an, à cette époque.

On peut distinguer trois sortes de plantes :
  • La lavande Aspic, qui est la lavande sauvage, très parfumée (odeur camphrée), elle est reconnaissable à ses longues tiges ramifiées (plusieurs épis sur la même tige)
  • Et deux espèces cultivées :
  • la lavande fine (ou officinale), nom latin : lavendula Angustifolia, qui n’a qu’une seule tige et dont les plants ont tous une génétique différente, donc des couleurs différentes. C’est la meilleure des lavandes. Entre autres bienfaits, les fleurs sont antispasmodiques et diurétiques, l’huile essentielle est légèrement bactéricide, elle exerce sur la peau une fonction antiseptique et cicatrisante. Elle est aussi sédative, hypotensive, et parasiticide.
  • le lavandin (c’est un hybride naturel : croisement lavande fine et lavande aspic). On le trouve notamment sur les plateaux de Valensole et de Riez. La couleur est uniforme et les tiges sont ramifiées.

La coupe s'effectue à partir de la mi-juillet, à la main pour les bouquets, ou mécanique pour la distillation. A Saint André les Alpes on la pèle plus tardivement. (Mi-août à Argens)

L’essence de lavande fine est utilisée pour la parfumerie et la parapharmacie, l’essence de lavandin pour l’industrie. (Lessive, désodorisant)

Il existe des circuits lavande, ainsi que des visites de distilleries (voir la distillerie de Barrême)

Economie de la lavande :
  • 2000 producteurs, environ 25 000 emplois induits.
  • 15 000 ha de lavandin, 5000 ha de lavande
  • 1000 t d’huiles essentielles de lavandin
  • 90 t d’huiles essentielles de lavande
  • 120 distilleries, 30 ouvertes aux visiteurs

St André les Alpes était un gros producteur de lavande fine pour la distillerie Lauthier. L’essence de lavande et de lavandin fournissait les huiles essentielles. Actuellement, Gilles Martel a replanté de la lavande fine, ainsi que Véronique Blanc qui a sa propre distillerie à Argens.

Le Chemin de fer de Provence

La construction de la ligne

Après de nombreux projets (commencés par l'ingénieur Dignois Beau de Rochas en 1861) concernant une ligne reliant Lyon-Grenoble à la côte en passant par Gap et Digne, les travaux de construction de la ligne de la Compagnie des Chemins de Fer du Sud de la France vient redonner un regain de vie au village en 1892.

Le projet définitif est revu à la baisse par Pierre Ferrié (Digne-Nice) et privilégie la ligne métrique (1 m d'espacement des rails au lieu de 1,44 m). Elle est d'abord réalisée en deux tronçons : Nice / Puget-Théniers et Digne / St André les Alpes.

Pour leur réalisation on a fait appel à 400 ouvriers italiens plus quelques . Restera en attente l’ouverture du tunnel de la Colle St Michel pour faire communiquer la vallée de la Vaïre avec celle du Verdon

Saint André les Alpes qui sera en tête de ligne durant 11 ans en raison de cet obstacle, développera tout un réseau de desserte du Verdon par diligence. Le village devient un carrefour de communication important, point de départ des diligences d’Allos, de Puget-Théniers et de Castellane. (deux diligences sur Allos, deux sur Puget-Théniers une pour Castellane). Il fut le quartier général des voyageurs de commerce de la belle époque de la IIIe République. L’auberge Trotabas (hôtel du Parc) et les deux cafés ne désemplissaient pas. Au XVIIe et XVIIIe siècle, il y a aussi de nombreux muletiers pour fournir les calèches en équipage.

Mais le percement du tunnel de la Colle St Michel et la construction du tronçon St André-Annot ont mis fin en 1910 à cette situation privilégiée. Le 6 août 1911 la ligne est inaugurée. Ce fut la fin de la belle époque pour le village qui va subir un arrêt de son développement jusqu’après la guerre de 14-18. La belle allée de conifères centenaires reste un magnifique témoignage de cette inauguration.

De nos jours

La Compagnie des Chemins de Fer du Sud de la France ne devient le Chemin de Fer de Provence qu'en 1925. (Actuelle CP)

Vers 1933, c’est l’époque des premiers autorails sur pneus, (qu’on appelait à tort "Micheline") qui remplaceront les locomotives à vapeur.

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est devenue l'autorité organisatrice depuis 2007, alors que la société nouvelle des Chemins de Fer de Provence assure son exploitation commerciale, le contrat de gestion étant confié au groupe Véolia.

Cette ligne pittoresque et typique à travers montagnes ou pinèdes fait partie de notre patrimoine, elle a plusieurs fois failli disparaître, les guerres, la crise mondiale de 29 ou l'inondation de 94 la mettant en danger. Désormais le nouveau look aux couleurs de Provence des rames flambant neuves donne une nouvelle vie à celui qui restera toujours, malgré tout, notre petit "Train des Pignes".